S’il en est un qui ne pâtit pas de la crise, c’est bien de fait DIY (Do It Yourself), en bon français "faites le vous-même". Bien au contraire, ce retour aux sources ne laisse rien passer des aléas de notre époque et transforme chacun en atout. Le fait maison a aujourd’hui gagné tous les secteurs d’activité, tous les âges et toutes les catégories sociales.
Les DIY par souci d’économie
Le DIY profite de la baisse du pouvoir d’achat. Le retour au fait maison est d’abord dû aux soucis économiques rencontrés par les foyers. Nous avons pris l’habitude d’acheter des produits manufacturés, mais il suffit de remonter à quelques générations pour se rendre compte que le phénomène est très récent sur l’échelle de l’histoire.
La mondialisation a fait chuter drastiquement les prix, mais à quel prix ! En ouvrant notre pays aux quatre vents, nous avons effectivement accès à des biens à des tarifs défiant toute concurrence, mais pour quelle qualité ? Nulle bien sûr !
Il n’y a pas si longtemps que nous pouvons acheter un pull venant de l’autre bout du monde pour 5 €. Mais il ne faut pas y voir une aubaine, car cette concurrence déloyale a mené à la désindustrialisation de notre pays et le pull résistera à la hauteur de son prix, à moins de 5 passages en machine, avant de se disloquer.
À force d’acheter des pulls à 5 €, n’auriez-vous pas eu intérêt à investir dans un tricot de qualité ? Bien sûr que si, mais vous auriez encore eu une meilleure idée en tricotant vous-même le pull. C’est ce cheminement d’idée qui a remis sur le devant de la scène le tricot fait à la maison.
Le phénomène touche tous les âges et il en va de même pour les autres activités pour lesquelles les Français ont pris l’habitude de calculer le coût de revient, mais désormais en tenant compte du rapport qualité prix.
L’accomplissement de soi
Le DIY profite de la désincarnation de notre société aseptisée qui bride notre propension à la création. « C’est moi qui l’ai fait ! » demeure la phrase la plus satisfaisante pour chouchouter son égo !
Lorsque vous accomplissez un travail manuel, le contentement que vous en tirez est tout aussi psychologique qu’économique. La société moderne et connectée nous éloigne de plus en plus de la nature et des travaux manuels. Le problème est que la dimension qui touche l’accomplissement de soi nous manque cruellement, même si nous n’en avons pas toujours conscience.
Reprenons l’exemple de notre pull que vous aurez tricoté à vos couleurs et en choisissant la coupe de vos rêves, et appliquons cette satisfaction n’importe quel autre domaine. La tomate que vous achetez au supermarché (ou même sur les étals d’un marché) n’aura jamais la même saveur que celle que vous cueillez dans votre potager. Il est bien sûr question de la qualité gustative, mais aussi du plaisir que vous ressentez à récolter un légume que vous avez choyé depuis des semaines. Vous l’avez vu passer de l’état de graine ou plant de quelques centimètres de haut, au statut de belle plante qui vous procure des tomates de la meilleure qualité. Vous ne verrez plus jamais votre salade du même œil !
La préservation de la planète
Le DIY répond à un besoin de retour à une consommation raisonnée, liée à la préservation de la planète.
Votre pull à 5 € est venu de l’autre bout du monde, à bord d’un cargo qui a consommé l’équivalent de plusieurs milliers (millions ?) de voitures. Il est impossible de trouver un chiffre fiable qui fasse l’unanimité, mais le bilan est catastrophique.
Avec la société de consommation, la pollution prend des proportions considérables, ce qui a conduit progressivement à une prise de conscience. Avec le fait maison, nous revenons à une consommation raisonnée et raisonnable.
Vous traiterez d’autant mieux votre pull que vous l’aurez vous-même tricoté. Vous en connaissez la valeur, car vous lui avez consacré du temps et que vous l’avez façonné à vos goûts. Tout ceci participe à un mouvement qui incite à retrouver des gestes simples et à reprendre en main notre consommation.
Le rejet du tout digital
Le DIY constitue un pansement contre l’intrusion excessive du digital dans nos vies. Le tout connecté connaît des limites, elles ne sont pas techniques, mais là encore liées à la nature humaine.
L’informatique et le digital constituent des outils pratiques, qui nous aident au quotidien, nous font gagner du temps et nous distraient, mais point trop n’en faut. Utiliser le GPS de sa voiture évite de se perdre et de piquer des crises de nerfs, mais est-il vraiment indispensable de posséder une brosse à dents électrique connectée ?
Pour ceux qui ne connaissent pas la brosse à dents connectée, elle vous permet de consulter vos statistiques pour vous assurer que vous n’avez pas passé trop temps sur une canine, tandis que vous négligiez une molaire.
Le DIY prospère sur le rejet des excès des concepteurs de gadgets. L’être humain a besoin d’ancrage et il doit conserver son libre arbitre. Dès lors qu’il comprend que la façon de se brosser les dents lui est imposée par une application, son esprit de contradiction se met en branle. Non seulement il va rejeter la brosse à dents connectée, mais il va décider de fabriquer lui-même son dentifrice. Après tout, le dentifrice est vendu dans un tube plastique, dans un emballage en carton, sur une palette plastifiée, transportée par conteneur, camion…
Et voilà comment le DIY a encore grapillé quelques points de popularité.
La pandémie et les confinements
Le DIY a même eu le culot de profiter de la covid 19 ! Du jour au lendemain, les Français se sont retrouvés cloîtrés chez eux, avec l’interdiction de sortir, consommer, voir des amis, rencontrer leur famille… Il a dû s’en ronger des ongles durant cette période, surtout chez les citadins enfermés dans des appartements. Les campagnards ont pu au moins profiter de leur jardin.
La lecture et la cuisine furent les premiers bénéficiaires des confinements, puis vinrent les autres activités. Tandis que les boutiques proposant des accessoires de DIY ou de loisirs culturels entraient dans une période d’activité intense, les entrepôts d’Amazon étaient en surchauffe.
Des lendemains qui chantent pour le DIY
Tous ces éléments qui ont redonné des couleurs au fait maison sont durables. Beaucoup de gens ont pris (ou repris ?) goût au DIY pour toutes les raisons que nous avons citées. Il ne s’agit pas d’une tocade qui va passer en quelques mois ou années, mais bien un mouvement de fond.
La prolifération des tutoriels
L’engouement pour le DIY a fait fleurir les tutoriels sur Internet. Voilà une application du digital qui s’avère enthousiasmante, car elle vous accompagne vers l’indépendance, plutôt que de vous enfermer.
Vous trouvez des tutoriels sur tout, absolument tout, et c’est tant mieux. En effet, vous pouvez être armé de la meilleure volonté du monde, tricoter un pull, rempailler une chaise ou fabriquer une armoire ne s’improvise pas si vous n’avez aucune notion en la matière.
Les tutoriels vous incitent à vous lancer dans le fait maison, car vous prenez plaisir à votre activité, sans avoir à passer par les affres du créateur qui doit tâtonner, faire et défaire, avant d’aboutir à quoi que ce soit.
Les concepteurs des tutoriels ont testé pour vous les différentes techniques et ils vous proposent un récit didactique qui va droit au but. Vous avez toutes les clefs en main pour réussir, vous faire plaisir et annoncer fièrement « c’est moi qui l’ai fait ! ».